Lâchez-prise ! Ces petits riens qui font du bien
Y-a-t'il une recette miracle pour être heureux ? Certainement pas. Mais il existe quand même quelques trucs capables d'améliorer presque immédiatement notre capacité à réguler le stress et à ressentir davantage de joie.
Le lâcher-prise est l'une de ces clés, dont j'ai envie de vous parler aujourd'hui.
Peut être parce que je l'expérimente davantage en ce moment pour moi-même, l'attitude qui consiste à lâcher-prise sur certaines choses pour concentrer mon énergie sur ce qui me parait principal pour mes objectifs et mon bien-être me parait de plus en plus nécessaire.
Il y a là une différence fondamentale avec les phrases de motivation personnelle qui disent par exemple "Ne gaspillez pas votre énergie à essayer de changer ce qui ne peut pas l'être". Dans mon expérience, j'ai souvent l'impression qu'avec beaucoup de détermination et de travail je peux quasiment tout changer. Donc, pendant longtemps, j'en ai conclu que je devais m'investir à fond dans tout ce qui se présentait.
Ma grande réalisation a été de comprendre que ce n'est pas parce que je peux agir que je dois forcément me lancer. J'ai le droit de choisir.
Ce n'est pas de capacité à faire qu'il s'agit, mais d'envie et de bien-être. J'ai la capacité morale et physique pour courir un semi-marathon, mais est-ce que je souhaite utiliser mon énergie pour m'y préparer en ce moment ? Honnêtement non, la course à pieds a beau être à la fois tendance et bonne pour la santé, j'ai d'autres projets sur lesquels je préfère me concentrer !
Alors si pour les loisirs le lâcher-prise est souvent possible (quoique, jetez-moi la première pierre si vous ne vous êtes jamais imposé.e des restrictions ou séances de sport dont vous n'aviez pas vraiment envie sous la pression sociale de préparer votre summer body avant l'été...), c'est dans la vie professionnelle et les relations que ça se complique.
Effectivement, on ne peut pas toujours choisir de se désengager de certaines activités ou relations. Par contre on peut choisir comment les vivre, dans quelle optique les aborder.
Concrètement ça veut dire quoi ? Je vais vous donner un exemple. Il y a quelques jours, je suis tombée malade à un moment où j'avais vraiment beaucoup de travail pour mes activités de conseil.
Etape 1 du lâcher-prise :
Sur recommandation du médecin, j'ai accepté de m'arrêter de travailler quelques jours le temps de me reposer. Cette décision m'a d'abord culpabilisée car ça impliquait de faire reposer une partie de ma charge de travail sur mes équipes. Mais ayant déjà eu l'expérience d'un burn-out l'été dernier, j'ai décidé de passer le relai pour guérir plus vite et revenir en meilleure forme. Et ça a marché, au bout de 2 jours et demi j'ai pu reprendre le fil de mes dossiers et intervenir pile au bon moment pour corriger et finaliser le travail en ayant les idées plus claires grâce à ma prise de recul.
Etape 2 du lâcher-prise :
En revenant au travail lundi matin, j'apprends à mon arrivée que je dois partir le soir-même en déplacement pour une réunion à Rouen alors que je ne m'y étais pas préparée. Mon ancien "moi" serait sorti de ses gonds de ne pas avoir été prévenue plus tôt. D'autant que les supports à présenter le lendemain matin n'avaient pas du tout été préparés.
A ce moment là j'avais deux choix : m'agacer de ce manque de communication et d'égards vis-à-vis de mon retour d'arrêt maladie, ou tenter calmement de comprendre ce qu'il s'était passé en mon absence et accepter la situation en faisant de mon mieux.
Par ma posture d'écoute et d'ouverture, mon collègue s'est confié sur sa volonté première de proposer ce déplacement à une autre personne qui a refusé. Comprenant ses bonnes intentions, je me suis sentie apaisée. J'ai exprimé clairement mon besoin de rentrer chez moi préparer mon sac avant d'aller prendre le train, ce qui m'a permis d'assimiler la situation pendant que mon collègue avançait sur la présentation. Et même si ce n'était pas le plus confortable, j'ai fait le choix de faire ma dernière réunion de la journée pour finaliser les supports en visio depuis la gare. Ça m'a permis de prendre le train suffisamment tôt pour arriver à Rouen à temps pour diner tranquillement au restaurant.
Ce n'est pas rien de s'accorder de petits moments de plaisir : un bon restaurant, une balade en ville, acheter un souvenir, etc. En fait, c'est ces actions qui équilibrent notre investissement et nous donnent davantage d'énergie et d'envie pour mener à bien tout le reste.
Le mieux dans cette histoire, c'est que je crois que c'est en grande partie grâce à mon lâcher-prise que ma réunion du lendemain s'est bien déroulée. Le client étant réputé pour être intransigeant, le partenaire avec lequel j'assurais la présentation était très stressé. Tout ce qu'il présentait était très juste et précis, mais il n'était pas en écoute des réactions du client. Comme j'étais plus posée, j'ai su m'adapter au bon moment pour rassurer notre interlocuteur. Quelque chose d'immatériel, difficile à décrire s'est passé et la relation de confiance s'est installée.
Il ne faut pas sous-estimer l'importance de notre état d'esprit intérieur sur la qualité de nos interactions avec les autres.
Vous ne vous êtes jamais dit que certaines personnes semblent rayonner, émaner la joie et la sérénité ? On aime tous la compagnie de ce genre de personne (qui ne sont pas toujours constantes dans leur rayonnement) car nos interactions avec elles influent sur notre propre état intérieur. Par le mimétisme, en côtoyant une personne très calme, je me calme naturellement (même temporairement).
C'est un bénéfice caché - mais pas des moindres - du lâcher-prise : il est contagieux. En étant calme et posé face à votre interlocuteur, vous envoyez un signal caché à son cerveau qui lui dit "Si cette personne n'est pas stressée, c'est qu'il n'y a pas de raison de stresser. Je peux donc être rassuré, tout va bien se passer". On est loin d'avoir tout découvert sur la manière dont fonctionnent nos émotions (c'est d'ailleurs un sujet passionnant que j'étudie à travers la Gestalt thérapie).
Le lâcher-prise peut il se "muscler" en le travaillant ?
Atteindre un haut niveau de lâcher-prise est sans doute plus facile pour certains d'entre-nous que pour d'autres, en raison de nos caractères. Pourtant, je suis convaincue qu'on peut tous "muscler" notre capacité à lâcher-prise.
Je suis d'un naturel qui aime bien tout maitriser, pour moi apprendre à lâcher-prise n'a pas été facile. J'ai tendance à vouloir tout comprendre et tout prévoir pour me sentir à l'aise. Sauf que dans la vie, on ne peut pas tout prévoir. Et être en inconfort à chaque fois qu'un imprévu se produit c'est vraiment l'enfer !
Pour muscler mon lâcher-prise, j'ai développé 2-3 trucs plutôt utiles :
Quand je sens que je commence à stresser, je me demande "Que risque-t-il d'arriver dans le pire des cas si j'échoue face à mon but ?". Bien souvent, même le pire scénario ne justifie pas de me mettre dans un tel état.
Je m'organise pour bouger au moins 30 minutes par jour : que ce soit en marchant pour aller au travail à pieds, en promenant le chien de la voisine, en allant à la salle de sport, en faisant une bonne séance de shopping... Bouger physiquement m'aide naturellement à faire descendre la pression dans mon corps.
Je ne mets pas tous mes oeufs dans le même panier : pour éviter de faire peser sur mes projets une pression démesurée, je m'arrange pour avoir toujours plusieurs petits objectifs en vue. Comme ça, si l'un de mes projets prend du retard ou ne se réalise pas, ce n'est pas la fin du monde car je sais que les autres ont quant à eux le potentiel de se réaliser.
J'espère que ces quelques conseils, tirés de ma propre expérience, vous seront utiles.
Les raisons de ressentir des tensions sont multiples dans notre environnement (situation sanitaire, contexte géo-politique, pression au travail, conflits amicaux ou familiaux, etc.), ce qui doit nous encourager encore davantage à exercer notre lâcher-prise pour ne pas nous sentir submergés.
Ne pensez-pas que lâcher-prise signifie être égoïste.
Pensez à vous, ménagez-vous, vous influerez positivement sur le monde.
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